jeudi 8 octobre 2015

Le système D à Conakry : Les fonctionnaires taximen "Clando"

Pas facile de s’offrir un taxi à Conakry, notamment aux heures de pointes. C’est chose connue et vécue quotidiennement par les habitants de cette capitale qui  grandit à un rythme effréné.  Pas par manque d’argent. Loin s’en faut. La raison est simplement liée à la rareté des taxis. Le transport en commun n’étant pas assez développé au pays, le train de banlieue ne fait que deux voyages par jour faute de rail. Les rares bus et mini bus qui assurent le transport ne couvrent pas la demande. Les fonctionnaires  qui ont un moyen de déplacement ne ratent pas l’occasion de se convertir momentanément en chauffeurs de taxi. Il s’agit simplement de se faire quelques sous. Ils sont communément appelé ‘’Clando’’, expression dérivée du mot clandestin, autrement dit quelqu’un qui conduit dans la clandestinité. Précisons bien que certains le font par « générosité » et d’autres pour des questions pécuniaires. Ils ont un style propre à eux. Ils ne suivent pas les protocoles des taxis commis à la tâche. Eux, ils visent là où il y a beaucoup de passagers. Arrivés au niveau des passagers, Ils n’appellent personne. Comme il est de coutume ici à Conakry, dès qu’un véhicule, quel qu’il soit, ralentit, surtout aux heures de pointe, à la hauteur des nécessiteux, ils accourent directement et l’envahissent, ils s’engouffrent dedans et s’installent confortablement avant de demander son itinéraire. Cette catégorie de chauffeurs connus sous le nom de ‘’clando’’, toujours tirés à quatre épingles,  arguent souvent qu’ils cherchent le prix du carburant car leurs revenus ne couvrent pas tout leur besoins vitaux. Mais, attention, leur totem est déposer un passager devant un policier. Au risque de se faire immobiliser.
M. Kourouma, administrateur civil de son état, argumente qu’il prend les gens parce qu’il a pitié d’eux et qu’il y a trois ans de cela, il était dans la même situation que ces gens. Raison pour laquelle il ne peut pas quitter le bureau seul dans sa voiture et se rendre jusqu’à Tombolia, un quartier de la haute banlieue situé dans la commune de Matoto, sans prendre au moins 3 à 4 passagers à bord même s’ils vont payer. ‘’C’est un service que je leur  ai rendu’’, dit-il.

« Je fais le clando pour couvrir certaines dépenses car le salaire que nous prenons est dérisoire. Imagines, payer le loyer, la nourriture pour la famille, le carburant et autres besoins dans un salaire qui n’atteint même pas 2 millions et faire le patron en conduisant seul dans sa voiture du bureau jusqu’à la maison et vis versa, je trouve cela pas raisonnable et c’est franchement insupportable » confie M. Aboubacar Soumah, comptable.
Kaba I.Sory

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