jeudi 8 octobre 2015

Nollywood et les femmes

Venu discuter d’une affaire urgente avec une amie, perché dans son salon télécommande en main, elle m’envoie balader en ces termes : « tu peux me laisser terminer cette épisode s’il te plait ? ». Stupéfait de l’urgence qu’elle accorde à cette série au point de le faire passer en priorité, je jette un œil sur l’écran. A ma grande surprise, c’est strictement les noirs que je vois défiler sur l’écran. Ma curiosité est inassouvie, puisse que d’habitude, c’est les séries sud américaines ou nord américaines que les filles et femmes raffolent de plus. Je fixe bien l’écran et c’est Nollywood je vois mentionner en haut et à gauche. N’ayant pas le choix, je me suis calé, à mon tour, dans un divan pour faire semblant de suivre la série télévisée. « Pourquoi pas Novela, chaine qui égrène les séries sud américaines 24/24,  ou canal série ? » lui demandai-je. Sans détourner son regard de la télé, elle répond : «  Vois par toi même, ici, les réalités sont plus proches de nous. Même problème au quotidien, même habitation, bref, même mode de vie ».

Nollywood,  c’est le cinéma fait par et avec des nigérians pour un public africain. Deuxième puissance cinématographique au monde, quand à la production des films, derrière Bollywood (Inde) et devant le grand Hollywood (USA), le Nigéria produit chaque année plus 2000 films vidéos dont le coût estimé ne dépasse pas 20 millions d’euros. Les téléspectateurs ne manquent pas avec un marché nigérian de 170 millions d’habitants et plus d’un milliard d’africains.
Né dans les rues de Lagos grâce au commerce informel des vendeurs de rue à la fin des années 80. Nollywood a pris de l’importance dans les années 1990, au moment où la télévision nationale a été victime des tensions politiques. Libérant de nombreux artistes et techniciens dont certains, alors au chômage, se sont mis à produire des films indépendants à petit budget.
En guinée, les films produits par Nollywood ont un ‘’succes story’’ ces cinq dernières années. Les CD et DVD de contrebande se négocient dans des petits bazars à 5000 GNF l’unité et par des marchands ambulants qui arpentent les rues de Conakry. Accessibles facilement, les femmes s’en procurent à profusion. Les DVD les plus vendus restent à nos jours ceux des acteurs les plus connus à savoir : Majid Michelle, Nadia Buari, Yvonne Nelson, Mercy Johnson, Van Vicker, John Dumelo, qui était tout récemment à Conakry dans le cadre de la soirée consacré à Nollywood au Boulevard Select chez KPC, Jackie Appiah, etc. Une ville où les salles de cinéma sont quasi inexistantes, le TV Home bas le record. Chaque jour, après les travaux ménagers, avec la stabilité du courant électrique dans les foyers, elles passent le restant de leurs journées à regarder les films ou séries made in Nollywood. Inconvénient, les hommes qui sont dans les familles qui n’ont pas les moyens de s’acheter plusieurs postes téléviseurs sont privés de suivre le journal ou les matchs de football.
Nollywood est un mot valise évoquant l’importance du cinéma au Nigéria associant le « » du Nigéria et le « ollywood » de Hollywood (suivant le même modèle que l’expression Bollywood : « » de Bombay et « ollywood » de Hollywood.

Kaba Ibrahima Sory

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