Venu discuter d’une affaire urgente avec une amie, perché
dans son salon télécommande en main, elle m’envoie balader en ces termes :
« tu peux me laisser terminer cette épisode
s’il te plait ? ». Stupéfait de l’urgence qu’elle accorde à cette
série au point de le faire passer en priorité, je jette un œil sur l’écran. A
ma grande surprise, c’est strictement les noirs que je vois défiler sur
l’écran. Ma curiosité est inassouvie, puisse que d’habitude, c’est les séries
sud américaines ou nord américaines que les filles et femmes raffolent de plus.
Je fixe bien l’écran et c’est Nollywood
je vois mentionner en haut et à gauche. N’ayant pas le choix, je me suis calé,
à mon tour, dans un divan pour faire semblant de suivre la série télévisée.
« Pourquoi pas Novela, chaine qui
égrène les séries sud américaines 24/24, ou canal série ? » lui
demandai-je. Sans détourner son regard de la télé, elle répond : « Vois par toi même, ici, les réalités sont
plus proches de nous. Même problème au quotidien, même habitation, bref, même
mode de vie ».
Nollywood, c’est le
cinéma fait par et avec des nigérians pour un public africain. Deuxième
puissance cinématographique au monde, quand à la production des films, derrière
Bollywood (Inde) et devant le grand Hollywood (USA), le Nigéria produit chaque
année plus 2000 films vidéos dont le coût estimé ne dépasse pas 20 millions
d’euros. Les téléspectateurs ne manquent pas avec un marché nigérian de 170
millions d’habitants et plus d’un milliard d’africains.
Né dans les rues de Lagos grâce au commerce informel des
vendeurs de rue à la fin des années 80. Nollywood a pris de l’importance dans
les années 1990, au moment où la télévision nationale a été victime des
tensions politiques. Libérant de nombreux artistes et techniciens dont
certains, alors au chômage, se sont mis à produire des films indépendants à
petit budget.
En guinée, les films produits par Nollywood ont un ‘’succes
story’’ ces cinq dernières années. Les CD et DVD de contrebande se négocient
dans des petits bazars à 5000 GNF l’unité et par des marchands ambulants qui
arpentent les rues de Conakry. Accessibles facilement, les femmes s’en
procurent à profusion. Les DVD les plus vendus restent à nos jours ceux des acteurs
les plus connus à savoir : Majid
Michelle, Nadia Buari, Yvonne Nelson, Mercy Johnson, Van Vicker, John Dumelo,
qui était tout récemment à Conakry dans le cadre de la soirée consacré à
Nollywood au Boulevard Select chez KPC, Jackie
Appiah, etc. Une ville où les salles de cinéma sont quasi inexistantes, le
TV Home bas le record. Chaque jour, après les travaux ménagers, avec la
stabilité du courant électrique dans les foyers, elles passent le restant de
leurs journées à regarder les films ou séries made in Nollywood. Inconvénient,
les hommes qui sont dans les familles qui n’ont pas les moyens de s’acheter
plusieurs postes téléviseurs sont privés de suivre le journal ou les matchs de
football.
Nollywood est un mot valise évoquant l’importance du cinéma
au Nigéria associant le « N »
du Nigéria et le « ollywood »
de Hollywood (suivant le même modèle que l’expression Bollywood : « B » de Bombay et « ollywood » de Hollywood.
Kaba Ibrahima Sory
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